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 ROMAN LANGLOIS - Mourir pour des idées

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Roman Langlois
COMMANDANT DE LOUVETERIE
Roman Langlois


Messages : 215
Date d'inscription : 08/12/2011

SPOTLESS MIND
Âge: 35 ans.
Métier: Journaliste.
Dossier d'Oblivion:

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MessageSujet: ROMAN LANGLOIS - Mourir pour des idées   ROMAN LANGLOIS - Mourir pour des idées EmptyDim 29 Jan - 12:01

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(c) tumblr

    KILLING LIES.
    NOM, PRÉNOM(S) : Roman Langlois
    SURNOM(S) : Don't you dare.
    DATE DE NAISSANCE ET ÂGE : 8 janvier 1977, 35 ans.
    PROFESSION : Journaliste.
    GROUPE : Come together - Neutres.
    NATIONALITE : Anglaise.

    WISHFUL SINFUL.

    Roman est un type plutôt agréable à fréquenter, quand il s'en donne la peine. Assez enfermé dans son monde la plupart du temps cependant, il lui arrive de ne pas prêter attention au reste du monde si ce n'est pas pour servir une cause.
    Attention, Roman n'est pas Superman pour autant, et ne se prend pas pour un défenseur de la veuve et de l'orphelin. Il donne rarement, d'ailleurs, l'exacte teneur de son métier. Ce n'est absolument pas quelqu'un d'inaccessible, il a comme tout le monde ses verrous, voilà tout. Assez fantasque quand il s'y met,

    FUME LA PIPE
    Pantoufles & casquette en peau de bichard.
    Sacré lascar.

    TELL ALL THE PEOPLE.

    WHERE NOBODY KNOWS.
    PRÉNOM ET PSEUDO : Appo.
    OU AVEZ VOUS CONNU LE FORUM ? Dans ma tête, tahu.
    AVATAR : Benedict Cumberbatch
    UN MOT A DIRE ? NON.


Dernière édition par Roman Langlois le Mer 14 Mar - 22:01, édité 2 fois
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Roman Langlois
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MessageSujet: Re: ROMAN LANGLOIS - Mourir pour des idées   ROMAN LANGLOIS - Mourir pour des idées EmptyLun 27 Fév - 23:57

BLUE VALENTINES.


(parce que c'est ce dont je me suis baigné en écrivant la fiche. C'est la mise en scène de la pièce dont j'ai parsemé l'histoire de Roman d'extraits.)

    Citation :
    « L'homme: C'était ma première histoire d'amour.
    La disparue: J'ai été sa première histoire d'amour.
    Une histoire d'amour comme quand on a quinze ou dix huit ans. Pas très originale, comme on en vit partout ailleurs. Comme des milliards de personnes en vivent sur cette Terre qui ne tourne pas très rond. Sauf que c'était ici, où les ballons tournent et où les balles frappent.
    L'homme: Comme partout ailleurs, quand on a quinze ou dix huit ans.
    Quand les mains se frôlent, les bouches se rencontrent et les peaux se tendent. Quand on voudrait dire des qu'on et qu'on ne les dit pas, parce qu'on ne sait pas que les balles vont éclater à la place des rires, qu'on ne pourra plus jamais rien lui dire.
    On ne sait pas qu'un matin elle va partir pour ne plus revenir.
    Alors on s'aime comme à quinze ou dix huit ans.
    On imagine pas.
    La disparue: Une disparue, ça ne pèse pas lourd.
    L'homme: Une disparue, ça vole en robe légère, une danseuse qui ne poserait plus le pied par terre, c'est comme ça qu'on t'imagine. Une décrochée.
    La disparue: Un écho. Ca a l'air presque joli comme ça.
    Il faudrait que tu racontes, que tu racontes vraiment.
    L'homme: Raconter...Et raconter quoi, dis moi? Raconter quoi? Que tu as juste disparu de la surface de la terre? Un matin, comme ça, pour rien? Personne ne croirait ça. Qui peut croire ça? [...] Je raconterai plus tard, quand ça ne servira plus à rien.
    La disparue: Tu raconteras à tes enfants.
    L'homme: Je n'aurai pas d'enfants. »

    Les mains de Roman s'accrochent à du vide. Comme dans une multitude d'éclairs flous de conscience apparaissent à son esprit tourmenté différentes parties d'un visage de femme. Bouche. Charnue, dont les lèvres se plaisent à s'étirer en un sourire, en un rire peut être trop indiscret, très souvent. Le plus souvent. Yeux. De braise, s'il faut employer le cliché, mais parce qu'il est impropre à la mémoire de cette personne précise, de milliers de minerais d'or noir, de flammes dévorantes, de tout un tas de choses absolument violentes, et de tout un tas d'autres absolument douces. Joues, brunies naturellement, plus tout à fait tanée par le soleil d'un pays auquel elle appartient sans y être.

    "C'était ma première histoire d'amour!" La voix de Roman, chargée d'espoir, d'émerveillement.
    Une première histoire d'amour, c'est synonyme des plus belles découvertes du monde. On explore. On apprivoise une courbe, le détail d'un visage, le défaut d'un corps. On épouse la chair de l'autre en même temps que l'on s'intrigue de son esprit.
    Roman n'a plus envie de s'émerveiller. Les fragments de son visage à elle l'accaparent, s'abattent sur lui comme une nuée de moustiques.
    La photo qui le hante date d'avant qu'elle ne reparte chez elle. Qu'ils ne repartent ensembles, puis qu'il revienne seul. Elle tend les mains vers l'objectif, d'un air de défi. Ses mains sublimes qui n'ont jamais caressé que lui. Oh, comme il aurait préféré qu'elles ne le caressent jamais, ces mains, si ça avait pu leur garantir d'en caresser des milliers d'autres!
    Les sanglots arrivent comme des hauts le coeur. Des hauts le coeur dégueulasses, parce qu'ils ne le dégorgent de rien de plus que d'un peu d'eau. Quand il était petit, pleurer soulageait toujours d'une manière ou d'une autre la douleur. Ca la sortait par ses canaux lacrymaux, l'exorcisait dans cet espèce d'élixir iodé incompréhensible. A cette douleur là, les sanglots ne font rien d'autre qu'à lui réouvrir la plaie, l'empirer. La béance qui caractérise son corps creux, comme s'il n'avait jamais été qu'un tronc d'arbre vide destiné à la contenir. A chaque secousse du corps de Roman, les fils craquent, la peau se déchire encore un peu plus.

    Il sera un jour, peut être, un vieillard de quatre vingt ans dont le corps ne sera plus qu'une immense cicatrice à force d'avoir agrandi sa blessure de guerre à coups de pleurs.


***

    Citation :
    « La disparue: Disparue, parce qu'un jour je ne reviens pas. Quand nous étions petits, ça n'arrivait qu'au théâtre. Il y avait une scène, une boîte dans laquelle une victime joyeuse entrait, un magicien donnait un coup de baguette, au terme d'un suspense insoutenable, la boîte s'ouvrait et la joyeuse victime avait disparu. La boîte se refermait, deuxième coup de baguette, re-suspense insoutenable, la boîte s'ouvre et la joyeuse victime réapparaissait, sous nos applaudissements.
    Nous n'applaudissons plus.
    Ne nous mentez pas. Il n'y a que les magiciens qui font disparaître.
    Les militaires ne sont pas des magiciens. »

    Londres, 1997. Roman Langlois est étudiant en journalisme.
    On ne sait plus vraiment si c'est en la bousculant parce qu'il était en retard pour aller en cours ou parce qu'il entrait dans le bus au dernier moment, projetant son corps pour éviter de louper le coche, qu'il a rencontré Niloufar Rezvani. Mais finalement, peu importe: on est en mai, Roman a vingt et un an, Niloufar n'a qu'un an de moins, elle est iranienne et elle a eu la chance d'échapper à la dictature de son pays pour venir en Angleterre étudier les sciences politiques. Je crois bien qu'ils se sont aimés tout de suite. Je sais bien, que ça relève du cliché, mais voilà il suffit d'une longue discussion au coin d'une rue ou dans un fond de bus pour que l'affection se crée. Le reste, bien sûr, vient après...Mais il vient de manière violente, impétueuse. Roman et Niloufar aiment pour la première fois, avec l'orgueil létal d'un matador, avec une passion insatiable. Il y a cette soif infinie de l'autre, et puis cet enthousiasme constant pour ce qui arrivera ensuite. Je pourrais bien sûr détailler les deux premières années de cette histoire. Ca vous ferait sourire, ça animerait sans doute en vous de la tendresse. Mais mettre des mots sur une histoire d'amour la fait tout de suite ressembler à toutes les autres. Peut être ressemblait-elle à toutes les autres! Sans doute. Mais ces choses là se taisent. Du moins si l'on essaye encore de rêver.
    Mais 1999 c'est l'année des élections, en Iran. Le peuple bout, la dictature pèse. Niloufar ne peut laisser ni sa famille, ni son pays comme ça. Elle se sent appartenir là bas. Et quand on appartient à un endroit, on ne l'abandonne pas lâchement, au risque de se perdre soi même. C'est très grave qu'elle frappe un soir à la porte de la chambre d'étudiant de Roman.
    C'est sans doute la première fois que Roman a vu ce petit menton qu'il aime tant trembler. La fière et batailleuse Niloufar toute honteuse, affectée de milliers de sentiments contradictoire. Il attrape ce menton entre son pouce et son index, il relève ce visage qu'il a du mal à voir contempler le sol. Il partira avec elle.
    Seulement là bas il n'a pas le droit de continuer ses études. Elle a pu jouer sur le fait qu'elle n'a pas encore obtenu la nationalité anglaise, elle reprend sa place à l'université de Téhéran. Le résultat des élections tombe comme un poignard. Roman ne sait plus très bien comment tout ça est arrivé. Il doit se cacher, ils vivent dans un petit abri où elle revient tous les soirs, le visage encore un peu plus affaissé. Tout ça fait mal à Roman. Il voudrait venir avec elle pour se battre, mais il se ferait tout de suite sortir du pays. Juin arrive. Niloufar participe aux émeutes, Roman se rend fou à la savoir seule dans ce bordel incommensurable.

    Et puis, un matin, elle sort pour acheter une bricole, il ne sait plus bien quoi, ni où. Elle rit encore d'une idiotie qu'il vient de proférer quand elle disparaît dans le coin de la porte. Elle sort, et ne revient pas.

    "Ils appellent ça des disparitions forcées. C'était le même système en Argentine, c'est toujours le même dans la plupart des dictatures. Dès qu'on devient gênant pour le système, on disparaît.
    On ne sait pas où ils les emmènent. On ne sait pas s'ils meurent. On ne sait pas s'ils pensent à nous, ou si on leur arrache tous leurs souvenirs à coups de torture.
    Je me réveille la nuit, je l'entend crier. Pas pour de vrai, je sais, mais je l'entend. Je crois que je n'aurais jamais assez de force pour retenir toutes les parties de mon corps qui tombent en morceaux de tous les côtés sur la durée. Je l'entend crier, je..."
    Premier sanglot.
    "J'ai cette conviction aveugle, qui me détruit de l'intérieur, qu'ils crient tous du fond de leur cellule qu'ils aimeraient que l'on continue à vivre comme avant mais qu'en même temps ça les déchire de bas en haut à l'idée qu'on puisse les oublier. Leurs phrases, que j'imagine, me transpercent comme des poignards. NE NOUS OUBLIEZ PAS. NE NOUS OUBLIEZ PAS!!"
    Il se frappe la poitrine du poing à chacun des phrases qu'il imagine aux disparus.

    Que faire, maintenant? Ne pas se présenter veuf, ne rien se présenter du tout. Disparaître soi même sous des monceaux de douleur.
    Ou...? Ou les empêcher d'oublier. Effectuer le devoir de mémoire, se battre contre les dictatures, se battre pour que les noms des disparus ne s'effacent plus jamais.
    S'entame pour l'apprenti journaliste un travail de fond pour tenter de faire parler les peuples sous dictature, pour faire témoigner les anciens, pour parler des disparitions forcées puisque personne ne les rappelle. Pour parler de ces individus qui se déchirent en deux lors des diasporas dues aux dictatures.
    Donner la parole au souvenir.


***

    Citation :
    « La disparue: Tu raconteras à tes enfants.
    (Il se lève comme pour partir.)
    Attends! Est-ce que j'ai été une femme? Je veux dire...A quinze ou dix huit ans, est-ce qu'on est...
    (Il l'embrasse. Il s'en va.)
    Attends! On pourrait parler d'autre chose, non? On pourrait essayer?
    L'homme: Tu m'aurais quitté, peut être.
    Ca aurait été une amourette, pas plus, qui sait?
    Une histoire pas plus importante que les autres. [...]
    Je t'aurais peut être moins aimé si tu étais restée. »

    Quand on a vingt ans, on aime pour toujours. Et puis la vie arrive, dénoue les liens. On apprend que ce sentiment fort, inédit, dont on protégeait l'exclusivité comme une louve protège ses petits, est appelé à s'atténuer. On ne veut pas savoir, quand on aime pour la première fois, que l'on va aimer encore. Que ce ne sera pas une insulte à ce premier amour, que c'est simplement le développement naturel des choses. Et puis on fini par l'assimiler sans vouloir l'avouer, un peu orgueilleux.
    Mais voilà que la vie aime à fabriquer des tragédies. Elle frappe parfois d'un coup de baguette, pour son propre amusement ou pour l'exemple, qui sait, aveuglément ou non. Elle marque au fer rouge certains événements.
    Niloufar...Aurait-elle été son amour, son si grand amour, si elle n'avait pas disparu? Elle, tellement énigme déjà sous les yeux de Roman, devenue énigme plutôt que femme en disparaissant. Ce lien si fort, cet attachement ne lui laissant ni trêve ni compromis, était-il simplement dû au mystère qu'elle avait laissé derrière elle?
    Et donc, d'abord, si elle était morte, morte pour sûr plutôt que d'être étiquetée 'DISPARUE', serait-il depuis le temps allé de l'avant? Serait-il tombé amoureux, de nouveau? Aurait-il cessé d'attendre qu'à ses "c'était ma première histoire d'amour!", sa voix si rauque et si belle réponde, l'air rieur, comme arrivant derrière lui, prête à poser la main sur son épaule affaissée par les sanglots, "j'ai été sa première histoire d'amour!" ?
    Mais si elle n'était pas morte, peut être leur histoire aurait pris le chemin de toutes les autres. Il serait tombé amoureux d'une autre, ou elle se serait lassée de lui, ou bien, un jour, ils se seraient trop engueulés et auraient envoyé toutes ces choses fragiles valdinguer. Ils auraient été tristes, un temps. Ils n'auraient rien dit aux autres, prétextant une fatigue passagère. Et puis ils auraient rencontré quelqu'un d'autre, et la vie aurait avancé, avec sa paresse sereine de grosse ligne qui de toute manière, ne fait rien qu'à foncer en avant - peu importe ce qui arrive.

    Roman a envie de décapiter tout le monde. La rage, le sentiment d'injustice de ses vingt ans bout en lui, constamment. Il veut gueuler au loup, emmerder les politiques, faire des manifestations, occuper les ambassades, tout, n'importe quoi. Il veut mettre un bordel pas possible, que chacun soit témoin de ses larmes et de son fardeau, que chaque bouge son cul, bordel! Mais il ne le fait pas. Ca n'arrive pas. Roman a accepté de grandir sans Niloufar. Il a accepté de prendre de l'avant sur sa vie interrompue.
    Toutes ces questions ne devraient pas le hanter. Il n'a jamais rien fait, jamais demandé à ce que ça arrive. Il devrait être un insouciant anglais, fêtant le destin joyeux tous les samedi soir en se noyant à la bière dans des pubs.
    Il fait injure au jeune homme de vingt ans, bourré de principes qu'il était. Il rêve qu'elle est encore là, et que, tant pis, ils ne s'aiment plus, ils se sont déchirés. Mais au moins elle est là. Elle sourit avec ces mêmes lèvres, tend ces mêmes mains. Et il le sait. L'observe d'un regard en coin. Ou ne l'observe plus, parce que tout est tranquille, qu'il n'a plus à s'y intéresser. Mais au moins savoir qu'elle existe. Qu'elle respire.

    Qu'est-ce que j'aurais fait de mon amour que je m'empêche de tenir comme une bannière, si tu n'avais pas disparu?


***

    Citation :
    « L'homme: Tous ces mots qui s'entassent au fond de moi parce que je ne peux plus te les dire, toutes ces journées qui s'enchaînent et que je ne te raconte pas, parce qu'un matin tu es partie pour ne plus revenir. Un exilé ça ne pèse pas lourd, mais tous ces mots au fond ça fait lourd pour avancer. Et ils s'empilent, et ils s'entassent, ils se serrent pour avoir la place tellement j'aurais un monde à te raconter, et ils me noient jusqu'à ce que je les vomisse.
    La nuit je vomis les mots que je ne peux plus te dire. [...]
    Je voudrais t'oublier. Pardon.
    La disparue: Non.
    Il n'y aurait plus personne pour montrer du doigt.
    L'homme: Je suis fatigué.
    Je suis fatigué de montrer du doigt.
    On n'était pas nés pour ça. Ce n'était pas notre chemin.
    Ce n'est le chemin de personne de montrer du doigt.
    Nous sommes nés comme les autres, et on serait obligés tous les matins, à cause d'eux, de se souvenir pour que les autres n'oublient pas. Parce que ce serait un deuxième crime. Nous sommes devenus les garde-fous. "Attention, souvenez vous, la Terre titube, les hommes sont fous! Ils se prennent pour des magiciens."
    Moi je voudrais me lever comme tout le monde, je voudrais penser à mon réveil quand il sonne et à mon café pendant le petit déjeuner.
    Je voudrais n'être chargé d'aucune mission. [...] Ce qu'il nous reste. Je montre du doigt, parce que sinon le matin je ne me lève pas. [...]
    Je voudrais que tu te lèves tous les matins et avoir une vie pour rire parce que nous avons déjà beaucoup pleuré. »

    On ne revient pas de ces guerres là. On ne revient jamais vraiment. Les choses se brisent, disparaissent, on ne veut pas en parler, alors que ce sont des mots qui nous brulent les lèvres. Quelque chose manque à l'intérieur de nous. On se manque. On se manque terriblement.
    Tout ça est fatigant. Et Roman préférerait qu'on ne lui ai jamais confié cette mission. Qu'on ne lui ai jamais fait tomber le ciel sur la tête, que Niloufar lui soit restée ou bien qu'elle n'ai jamais croisé sa route. Ensuite il se déteste de penser ça. Et puis il espère. Il essaye d'espérer.

    Quand il entend parler de l'ouverture d'Oblivion, et du concept même de la corporation, ça fait dans son corps l'effet d'un poumon qui s'affaisse. Oblivion, c'est exactement ce qui va à l'encontre de ce qu'il essaye de faire depuis pratiquement treize ans. Peut être est-il un petit bonhomme pathétique puisque s'accrochant à un amour de jeunesse en en faisant le sens de sa vie, mais sans doute pas. Et ça n'empêche que ceux à qui il donne la parole ont besoin, ô combien besoin de pouvoir avoir le droit de la prendre. Alors il laisse de côté pour un temps sa croisade anti-silence des dictatures et des pays laissés pour compte, et se lance dans une nouvelle quête: recueillir un maximum de témoignages, enquêter par tous les moyens pour trouver la faille dans le système soit disant éthique d'Oblivion. Trouver la faille, la révéler, rendre leurs souvenirs aux gens et faire fermer cette ignominie.

    Se permettre finalement de répondre aux suppliques imaginaires des disparus.


***

    Une silhouette passe les portes du Seagull, une de ces étranges casquettes anglaises sur le crâne, une de ces vieilles pipes en terre à la bouche. Il y a peu de monde ce soir au pub, et peu de bruit - toute l'assemblée se tourne donc naturellement vers cette nouvelle apparition, inconnue qui plus est.
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